Récit d'Astérie : La course de Kalos (1ère partie)

Bonjour et merci amis lecteurs.

Petite nouvelle pour découvrir l'univers d'Astérie par les yeux d'un enfant...

Plus vite !
Kalos court à toutes jambes. Il se propulse tête baissée dans les ruelles désertes. Le calme étrange tranche avec le désordre qui règne dans son cœur d’enfant. Sa respiration lourde couvre le martellement frénétique de ses petites semelles d’écorces sur les pierres blanches. Ses yeux sont plissés par l’effort et la sueur noie son visage déterminé. S’essuyant du revers de la manche, il jette un rapide regard le long des murs de pierre claire qui s’élèvent de part et d’autres. Il scrute, étage par étage, les rangées de volet de bois qui le surplombent. Tous fermés.

Plus vite ! Plus vite !

La matinée avait été chaude et l’après-midi ardente. La couronne de lumière incandescente d’Hébus devenait perceptible autour de la lune rouge depuis quelques cycles. Mais aujourd’hui, le Zenith avait plongé tout le quartier des porteurs d’eau dans une brulante torpeur. Après déjeuner, Kalos s’était assoupi sur sa couche le cœur battant d’impatience. Il avait rêvé du fracas d’une bataille, d’un colosse dominant la mêlée, d’une tempête de métal et de tonnerre.
Il s’était éveillé aux bruits des cavalcades dans les ruelles sinueuses en contrebat. Il avait tout de suite su que quelque chose n’allait pas. Une chose importante. Une chose attendue. Impossible de se rappeler. Troublé par la lourde tiédeur et les brumes du sommeil, il avait scruté la pièce en quête d’un indice. La lumière rougeoyante qui s’insinuait sous la porte de l’entrée lui avait indiqué que Hébus devait être beaucoup plus bas. Attiré par un contact dans sa main, ses yeux s’étaient posés sur la figurine d’ébène qu’il avait enserrée pendant son sommeil...Et il avait bondi.
Dévalant l’escalier ses bottines à la main, il avait sauté les dernières marches sa toge orangée volant derrière lui. L’inondante lumière rouge qui l’avait accueilli à l’extérieur avait mue son inquiétude en détresse. Hébus était presque couché invisible derrière l’horizon des bâtiments de roche ocre. Il était resté là l’espace d’un souffle avant de s’engouffrer par l'arche de pierre et la ruelle des 3 canaux.

Un contact dans sa main le tire de ses souvenirs...
Plus vite ! Plus vite !
Sa main exsangue enserre toujours la petite figurine noire. Il ne pense à rien d'autre qu'à la place bondée, le Vahana en son centre. Toutes ses pensées se portent sur sa course. Les volets de bois défilent de part et d'autres et la clameur de la foule résonne au loin.
J’ai tant attendu ce moment. TenKath et Ayt seront déjà la bas, et sûrement aux premières places !
A cinquante pas, l’entrée du long passage qui mène à la place. Kalos se concentre, baisse la tête, ferme les yeux. Ignorant le tiraillement de ses cuisses et la brûlure de ses poumons, il visualise la lune rouge. Il sent sa puissance. Beryl est toute proche et gonflée de la chaleur d’Hébus.
Toute proche !
Il ouvre son cœur aux vagues d’énergie... et elles l’assaillent fondant sur son esprit. Kalos est pris d'un haut le coeur. Il chute et hurle alors que la puissance de Beryl électrise son corps. Le temps se ralentit distordant son cri, ralentissant sa roulade poussiéreuse. Une brûlure intense descend par les veines de son cou, entaille ses épaules, s’attarde dans sa poitrine un battement de cœur puis plonge vers ses jambes. La douleur, comme si ses veines explosent et que ses muscles gonflés de puissance déchirent sa peau. La douleur disparaît. Aussi instantanément qu’elle est venue.

Le temps reprend son court. Kalos se redresse dans un nuage de poussière en suspension. Lorsqu’il relève la tête, ses yeux son rouge de la puissance de Béryl et sa vision distordue. Sa respiration gronde comme un volcan. Ses jambes sont chargées d’une tumultueuse puissance qui ne demande qu’à exploser. Il se jette en avant, marquant la pierre de son emprunte. En deux foulées il a rejoint l’intersection, s’aggripant au mur d’une main il se projette dans le long passage. Chaque foulée le projette plusieurs pas en avant. Chaque contact avec le sol tonne comme le tonnerre. Il bondit, les murs filant à une vitesse folle.
Les sons lui parviennent lointains, mais la cohue est indéniablement plus proche. Le tunnel des marchands est sans doute le meilleur chemin. Quelques respirations et centaines de pas plus tard, Kalos incline sa course prend appui sur le mur et se projette dans le tunnel sur la gauche. La pierre défile et l’air claque autour de lui. Le tunnel sombre est interminable, mais le brouhaha provenant de la place le pousse à tirer toujours plus sur la puissance de ses muscles. Il sent l'énergie explosive le quitter à chaque foulée, l’étourdissement le gagne, sa vision se trouble. Il fixe toute sa concentration sur le point rouge qui, loin devant, marque la sortie sur la place. Il se rue sur l’ouverture lumineuse...

...et surgit sur la place, sous la rougeoyante lumière d’Hébus.
La place est bondée. Contrôlant mal sa vitesse il bouscule violemment plusieurs adultes avant de tribucher et de plonger dans une roulade poussiéreuse dans les profondeurs de la foule. Béryl l'a quitté. Ses vaines sont vides, ses muscles inertes. Les bras tremblants et la tête bourdonnante, il se met à quatre pattes. Parmi les jambes des badots, il aperçoit la figurine d'ébène qu'il aura laissé tomber dans sa chute. Un guerrier musculeux à la carapace de colosse, aux cornes imposantes et tenant à la main une gerbe d'éclairs. Il tend la main pour s'en saisir, mais une lourde semelle de bois l'écrase contre le pavé poussiéreux de la place.

Reprenant ces esprits, Kalos se redresse chahuté par la foule. Détachant les yeux des restes de sa statuette il prend conscience de l'ombre inhabituelle. Il lève les yeux vers la forme qui lévite au dessus de la place. Une silhouette sombre de papillon qui contraste avec l'arrière plan rosé de Béryl. Ces yeux combattant l'éblouissement et il distingue deux colossaux cylindres de métal azuré. Alors qu'il parcourt du regard les sculptures et formes géométriques lumineuse, Kalos estime que sa maison pourrait aisément être logée dans un de ces cylindres.. Entre les cylindres, un peu en retrait, flotte un disque sombre. Long de dix pied, ses dimensions contrastes avec celles des imposants cylindres. Les trois éléments ne semblent pas liés et planent sans bruit... Vimânav, le Vâhana d'Indra. Quel spectacle !
C'est là que Kalos l’aperçoit. En lévitation entre le disque et la foule, à contre-jour, une silhouette humaine descend lentement. Une silhouette de colosse, haute de deux hommes et large comme trois. Elle tient à la main un long sceptre luminescent en forme d'éclair... et elle est coiffée de deux imposantes cornes.

(Deuxième partie à suivre bientôt)

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