Chroniques de Ragnar

Bonjour et merci amis lecteurs.

Premier récit des aventures de Ragnar pour vous faire découvrir le chaos de ruine du Mitgard dans l'univers d'Yggdrasil.

Merde !
Ragnar trébucha et s'étala dans les décombres environnantes en soulevant un nuage de débris effilés. Il glissa en contrebas dans le creux d'une dune artificielle et roula contre un mur en ruine. Il s'accroupit, le dos contre l'épaisse paroi d'ithium. Son bras droit était en sang car il avait été entaillé par des pièces métalliques durant sa chute. Il faut que je m'occuppe de ça rapidement, l'infection ne va pas attendre. Ignorant la douleur, il se saisit de son pistolet Muspell et porta le canon près de son visage, si près qu'il sentit l'odeur de phosphate des cartouches autopropulsées. Mon fidèle ami. Encore une fois je m'en remets à toi. Il concentra tous ses sens mais même ses yeux aguerris de pisteur ne parvenaient à percer l'obscurité totale. Aucun bruit, aucun mouvement d'air, aucune odeur à part les agressives effluves synonymes de mort émanant de son arme, et juste le contact froid et rassurant du mur protecteur contre ses épaules et sa nuque.

Il resta à l'abri au creux du dénivelé dans un état d'alerte maximum. Le temps s'écoula. Autour de lui un silence oppressant. Le sang sur son bras avait séché en noircissant sa peau. Non loin de là, se perdant dans l'obscurité, il parvint à discerner une ombre titanesque qui ne pouvait être qu’un porteur. Si je parviens jusque l'immense colonnade, je pourrais sûrement escalader sa structure et m'y mettre à l'abri. Après cela, je rejoindrai facilement un niveau supérieur. Je ne peux pas rester là éternellement et il faut que je soigne cette blessure. C'est certain, il faut que je tente une sortie..
Collant son visage contre l'arrête du mur glacial, Ragnar risqua, anxieux, un regard alentour. Il n'aperçut aucun mouvement dans le désordre et les ruines. Au loin, l’enclave de a-sac n'était plus qu'une petite lueur indécise perdue dans l'immensité ténébreuse et désertique. Où te caches-tu ? Son immobilité prolongée avait rendu les muscles de son dos douloureux. Il sentit la tension jusque dans son cou lorsqu'il ramena la tête à couvert. Il se redressa doucement en restant adossé à la paroi protectrice, l'arme toujours au côté du visage. Puis d'un mouvement de tête lent et régulier, inspecta l'étendue qui surplombait sa cachette.
Rien. Un silence insoutenable et une immobilité inquiétante dans un paysage de chaos. Seuls les chocs sourds de son coeur contre sa poitrine et les battements du sang dans ses tempes. Il se tint là une ultime seconde, tous ses muscles tendus à l'extrême, le souffle rendu court par la concentration. Il hésita une dernière fois et soudain, se propulsa d'un plongeon en dehors du dénivelé. D'une roulade il se remit debout et entama sa course parmi les ruines avec l'agilité d'un vorace. Il courait à toute vitesse, zigzagant entre les lames, les pointes et les tuyaux saillants des débris, évitant de larges plaques métalliques ou des poutres instables, enjambant les câbles et les barbelés jonchant le sol. A chacun de ses pas il arrachait d'épais paquets de déchets et de pièces métalliques. Autour de lui, régnait toujours le silence oppressant. Seule sa course était ponctuée par le vacarme de sa respiration haletante et le crissement de ses pas s'enfonçant dans la caillasse métallique.Il m'a lâché ? Et moi qui restait là bloti dans les décombres....
Une assourdissante détonation fendit l'air. Il se jeta de côté et le sol à côté de lui explosa, propulsant en tous sens une pluie de fragments acérés. Ceux-ci vinrent se planter contre sa cuirasse et ses jambières, tailladèrent ses bras, ses poignets et son visage. Dans un même mouvement, il se réceptionna de son plongeon et glissa sous une plaque de résine. Ca m'apprendra à relâcher mon attention. Je me fais trop vieux. Il retenait avec peine sa respiration, l'odeur de sa propre sueur agressait ses narines. Son sang chaud s'écoulait sur son visage et il sentait dans la chaire de ses bras les brûlures du métal. Il observa le cratère encore fumant à quelques pas de là. Il discernait vaguement quatre impacts très proches. Un crache feu. Une arme qui ne pouvait tirer qu'une fois avant d'être rechargée. Il est là. Quelque part. En train de recharger ses canons, avant de me tirer comme un rampant. A en juger par l'écart entre les foyers et la puissance de la décharge, le tireur ne devait pas être loin. Une deuxième détonation. La plaque qui le couvrait vibra violemment et se fendit alors que le sol près de sa jambe volait en éclat. Mais cette fois Ragnar avait vu l'ombre. La combustion qui propulsait une décharge de crache feu produisait une intense lumière. Les raies de lumières qui avait encadré ce tuyau durant un battement de coeur lui avait indiquait l'origine du tir.
Il se redressa violement pistolet au poing, rejetant la plaque fendue en son milieu. Il aperçut la silhouette massive à une dizaine de pas, elle se découpait vaguement sur les ténèbres ambiantes. L'ombre menaçante, impuissante, rechargeait les canons du crache feu. A mon tour !. Ragnar croisa un regard plein de rage au moment où il pressait la détente. L'ombre plongea et s'effaça juste au moment ou deux traînées de fumée la frôlaient en vrombissant. L'un des projectiles atteignit le sol et déclencha une explosion de flammes et de métal qui illumina les monticules de rouille alentour. Tu es à moi ! Suivant le mouvement de sa cible suspendue en plein air, Ragnar libéra ses trois derniers projectiles d'un large mouvement du bras. Les décharges de flammes suivirent l'individu et la dernière l'atteignit juste avant qu'il n'atteigne le sol. Sa chute fut interrompue brutalement et il fut projeté en arrière au moment où le projectile explosait dans son bas-ventre. Les flammes mordant sa chaire illuminèrent son plastron métallique et son visage déchiré par la douleur. Il s'écrasa par terre, glissa sur plusieurs pas et disparut derrière un monticule en laissant derrière lui un large sillon. Ragnar baissa son arme et se saisit machinalement d'un des chargeurs fixés à sa ceinture. L'air porté une odeur lourde de phosphate. Le silence régnait de nouveau mais les ténèbres étaient déchirées par quatre timides foyers rougeoyant là où les projectiles avaient frappé. Les doigts de sa main gauche caressèrent distraitement le manche de son poignard alors qu'il réfléchissait, immobile.
Ses doigts s'éloignèrent. On se reverra.. Il fit précautionneusement quelques pas à reculons, puis fit volte face et courut vers l’ombre accueillante du porteur

Merci de m'avoir lu et merci d'avance de me commenter ! M.

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